En lançant l’arc Beyond dans Amazing Spider-Man #75 à #93, Marvel décide de bousculer les codes. Exit temporairement Peter Parker : c’est désormais Ben Reilly, son clone et frère d’ADN, qui enfile le costume du Tisseur. Mais cette fois, Ben ne revient pas seul : il est soutenu par la Beyond Corporation, une mystérieuse entreprise qui entend faire de Spider-Man... une marque déposée.
Le concept même de Spider-Man est remis en question. Peut-on acheter l’image d’un héros ? Peut-on déléguer ses valeurs à une entité privée ? La réponse de Marvel est limpide : cette expérience va faire voler en éclats tout ce qui définit le rôle de Spider-Man.
L’ambition de la Beyond Corporation est de professionnaliser Spider-Man : équipement high-tech, base secrète, costumes optimisés, mais aussi contrats, obligations, KPI. Tout est pensé pour que Ben devienne un super-héros corporate… quitte à s’éloigner du cœur même du personnage.
Cet arc pose d’entrée une tension captivante : Spider-Man peut-il survivre sans Peter Parker ? Pour creuser cette question, on te conseille aussi de lire notre page dédiée à Peter Parker, ou encore notre article sur Superior Spider-Man, où un autre “remplaçant” se confronte à cette même problématique identitaire.
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Ben Reilly : un Spider-Man tiraillé entre passé et futur
Ben Reilly n’est pas un simple clone de Peter Parker. Il est sa mémoire, ses douleurs, ses valeurs... mais aussi ses failles. En acceptant de travailler pour la Beyond Corporation, Ben pense pouvoir redonner un sens à sa vie, tout en offrant une version “optimisée” de Spider-Man. Pourtant, très vite, l’écart entre les idéaux du héros et les objectifs froids de l’entreprise devient abyssal.
Ben veut bien faire. Il veut prouver qu’il est digne du costume. Mais chaque mission le rapproche d’une crise existentielle. Est-il un héros, ou un employé ? Est-il libre, ou simplement un produit ? Ce tiraillement atteint son apogée lorsqu’il découvre que la Beyond Corporation manipule ses souvenirs, altère sa perception de la réalité, et efface ce qui faisait de lui un être humain à part entière.
Ce questionnement identitaire renvoie directement à The Clone Conspiracy, autre moment-clé où la figure du clone est au centre du drame. Mais ici, la souffrance de Ben prend une dimension encore plus tragique, car elle est provoquée par une entité qu’il croyait bienveillante.
Le lecteur, lui, est tiraillé. On comprend Ben. On compatit. Et on se demande, avec lui, si on peut encore croire à l’héroïsme dans un monde contrôlé par des logos. Ce thème très moderne fait de l’arc Beyond une œuvre à la fois narrative et sociétale.
🧠 Pour prolonger cette réflexion, on te recommande notre article dédié à Peter B. Parker, autre version d’un Tisseur abîmé par la vie, mais toujours debout.
Peter Parker hors-jeu, mais jamais effacé
Pendant une grande partie de l’arc Beyond, Peter Parker est mis sur la touche. Victime d’un empoisonnement après un combat intense avec l’U-Foe, il est hospitalisé et affaibli physiquement. Mais Marvel ne l’écarte pas pour autant : Peter continue de peser dans l’histoire à travers ses souvenirs, ses conseils, et surtout l’ombre morale qu’il projette sur Ben Reilly.
Chaque décision de Ben est hantée par une seule question : qu’aurait fait Peter ? L’absence du Peter classique permet de mieux souligner sa force symbolique. Même hors du costume, il reste la boussole éthique de l’univers Spider-Man. C’est aussi une occasion unique pour les lecteurs de voir d’autres personnages – notamment May et Mary Jane – prendre un rôle plus actif dans la narration.
Peter n’est pas remplacé : il est le socle. Et c’est justement cette stabilité qui permet à Ben de prendre conscience que ce qu’il cherche ne peut être fourni par une entreprise, mais seulement trouvé en lui-même.
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La chute de Beyond Corporation – et le retour du vrai Spider-Man
Plus l’intrigue progresse, plus Ben Reilly réalise qu’il est manipulé. Les failles de Beyond Corporation deviennent évidentes : les souvenirs effacés, les ordres sans scrupules, et une volonté froide de contrôler l’image publique de Spider-Man. Lorsque Ben découvre l’ampleur de l’endoctrinement mental qu’il a subi, il entre en guerre ouverte contre ses créateurs. Le combat final est à la fois spectaculaire et tragique.
Privé de ses souvenirs d’origine, Ben Reilly perd toute stabilité mentale et devient un Spider-Man ravagé, errant et instable. Il prendra par la suite une nouvelle identité plus sombre : celle de Chasm. De son côté, Peter Parker, à peine remis sur pied, doit reprendre son costume et panser les blessures laissées par cette guerre d’image et de mémoire.
Beyond se termine donc sur une double note : le constat d’échec d’un modèle de Spider-Man "corporate", et la réaffirmation de Peter comme seul et unique Tisseur légitime. Cette tension entre héritage et modernité, essence et artifice, est au cœur de l’arc.
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